Il est des institutions dont la longévité témoigne d’une ambition noble, d’une vision partagée et d’un engagement constant en faveur du progrès. Cinquante ans après sa création en 1975, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) demeure une pierre angulaire du projet d’intégration africaine.
Si le chemin parcouru est jalonné d’acquis significatifs, des défis subsistent, témoins des efforts encore nécessaires pour atteindre pleinement les objectifs fixés. Mais loin d’être un constat d’échec, ce bilan est une opportunité pour repenser, renforcer et accélérer la dynamique régionale.
Un demi-siècle d’intégration : des avancées indéniables
Libre circulation et union douanière : une mobilité en progrès
Dès 1979, la CEDEAO adopte le Protocole sur la libre circulation des personnes et des biens, garantissant aux citoyens des États membres le droit de voyager sans visa à travers la région. En 2000, une carte d’identité CEDEAO est mise en place pour faciliter davantage la mobilité.
Ces avancées ont permis d’intensifier les échanges intra-régionaux, de dynamiser les flux commerciaux et de renforcer le sentiment d’appartenance à un espace commun. Toutefois, les infrastructures de transport et la mise en œuvre de cette mobilité restent perfectibles. Les tracasseries administratives et les obstacles frontaliers persistent dans certaines zones, limant l’impact réel de cette mesure.
Stabilité et gestion des crises : une présence diplomatique essentielle
L’instabilité politique a marqué la région ces dernières décennies. La CEDEAO a néanmoins joué un rôle clé dans la résolution de conflits et la stabilisation de certains États membres.
- 1990 : Création de la force d’intervention de la CEDEAO (ECOMOG) pour gérer les crises au Liberia et en Sierra Leone.
- 2005 : Mise en place du Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance, visant à prévenir les changements anticonstitutionnels de gouvernement.
- 2012 – 2023 : Médiations et sanctions face aux crises politiques au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.
Cependant, la montée des défis sécuritaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest appelle une réponse plus coordonnée et proactive. L’organisation devra renforcer ses capacités d’anticipation et de prévention des crises, en s’appuyant sur des mécanismes plus inclusifs et réactifs.
Infrastructure et connectivité : des projets structurants en cours
L’un des freins majeurs à l’intégration économique reste la connectivité entre les États membres. Pour répondre à cet enjeu, la CEDEAO et ses partenaires ont lancé plusieurs initiatives ambitieuses visant à moderniser les infrastructures régionales.
- Le Corridor Abidjan-Lagos (2025 – en construction) : Une autoroute de 1 028 km reliant cinq capitales d’Afrique de l’Ouest, un projet structurant qui favorisera les échanges et réduira les coûts logistiques.
- Le Projet de Corridor Économique Lomé-Ouagadougou-Niamey (PCE-LON) : Un projet stratégique reliant les économies côtières aux pays enclavés du Sahel.
- La ZLECAf (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine), signée en 2018, qui ambitionne d’accélérer la dynamique commerciale intra-africaine.
L’innovation et la jeunesse : nouveaux piliers de la transformation
L’essor technologique et le financement des startups
L’Afrique de l’Ouest est en pleine révolution numérique. Des startups innovantes émergent dans divers secteurs, des fintechs aux plateformes agricoles, en passant par l’intelligence artificielle et l’e-commerce.
- Flutterwave (Nigeria), OPay (Nigeria), Wave (Sénégal) sont devenues des licornes africaines, prouvant le potentiel technologique de la région.
- Gozem (Togo-Bénin), une super app proposant des services de transport, de livraison et de finance, a levé 20 millions de dollars en 2025 pour accélérer son expansion en Afrique de l’Ouest et renforcer ses solutions fintech.
- En 2021, les startups africaines ont levé plus de 4 milliards de dollars en financement, mais l’Afrique de l’Ouest reste dépendante des fonds étrangers.
La CEDEAO, consciente de cet enjeu, a lancé des initiatives pour soutenir les startups et promouvoir l’entrepreneuriat technologique, notamment à travers :
- Le Sommet des Startups de l’Afrique de l’Ouest (2021)
- Le Fonds Régional pour l’Innovation et l’Entrepreneuriat (en cours de structuration)
L’actualisation intègre les nouvelles données sur Gozem et renforce l’importance des startups pour l’économie régionale.
